Guy Turcotte est membre de SOS Forêt Fernand‐Seguin créé en 2008 pour promouvoir la conservation et la mise en valeur du corridor vert Châteauguay‐Léry situé dans la MRC de Roussillon. Ce regroupement de citoyens a mobilisé la population locale afin de préserver un corridor naturel de grande dimension abritant une biodiversité d’une richesse unique menacée par le développement urbain. « C’est une forêt dont on profitait depuis toujours à Châteauguay et à Léry », relate Guy Turcotte. On allait y faire du ski de fond, de la raquette, de l’observation d’oiseaux. On prenait cette forêt-là pour acquis et un jour, nous avons appris qu’il y avait des projets de développement domiciliaire. La ville avait accepté un changement de zonage pour permettre la construction d’un centre intérieur de soccer. En l’espace d’une journée, ils ont détruit 500 000 pieds carrés de forêt. »
Les arbres coupés et la destruction avec les bulldozeurs ont constitué une image forte pour la mobilisation. Une pétition a recueilli plus de 12 000 signataires. Les citoyens ont commencé à s’intéresser à la règlementation de ces terrains et au plan d’urbanisme de la ville. « Nous avons découvert que les villes, les municipalités et les MRC ont tous les pouvoirs et les outils règlementaires nécessaires pour protéger des milieux naturels, sans même devoir acheter les terrains, et sans risque d’être poursuivi pour expropriation de la part des promoteurs propriétaires des terrains. »
Le regroupement SOS Forêt Fernand‐Seguin a donc forcé la ville de Châteauguay à faire une véritable consultation, des soirées d’information et à permettre aux citoyens d’exprimer leurs opinions et de soumettre des mémoires. L’intérêt de la population a été si grand qu’un record québécois de participation à des consultations publiques a été établi.
Des citoyens déterminés
Devant un conseil de ville récalcitrant qui, selon Guy Turcotte, protégeait des intérêts privés, SOS Forêt Fernand‐Seguin a dû démontrer la valeur économique et écologique des milieux naturels et faire valoir les bénéfices que pouvaient en retirer la population et la région de Châteauguay et de Léry. Avec l’aide du ministère du Développement durable, un inventaire précis a permis d’établir que l’ensemble du territoire jouit d’un écosystème floristique exceptionnel.
« À mesure que le dossier avançait, le conseil de ville agissait mal et perdait toute crédibilité », raconte Guy Turcotte. Ce qui a soulevé une vague d’indignation. Aux élections suivantes, une nouvelle équipe en faveur de la conservation des milieux naturels a été élue. Faute d’une règlementation pour protéger le milieu, nous avons obtenu une règlementation qui contrôle l’abattage des arbres. Ça protège temporairement le milieu en empêchant tout développement. L’arrivée d’un nouveau conseil de ville pourrait toutefois faire disparaître cette règlementation. Pour l’instant, nous avons réussi à sauver ce milieu naturel exceptionnel. Nous n’avons pas gagné la guerre, mais nous avons gagné de superbes batailles. »
« Les villes et les MRC ont l’obligation d’identifier les milieux naturels qui méritent d’être conservés. La loi est claire, sauf que, généralement, les citoyens ne se préoccupent à peu près jamais de leur plan d’urbanisme ou de leur schéma d’aménagement. Le territoire, c’est d’abord aux citoyens qu’il appartient. »
Préserver l’ensemble de l’écosystème
Le corridor forestier de Châteauguay-Léry est un des projets prioritaires du Plan métropolitain d’aménagement et de développement du Grand Montréal. La prochaine étape est l’adoption de règlements par les MRC pour se conformer à ce plan. Guy Turcotte anticipe déjà les pressions qui seront exercées par les spéculateurs qui, dans les années 2005 à 2009, ont acheté la plupart des terrains privés dans l’espoir de pouvoir construire et de faire fortune. « Les plans de développement actuels permettent la construction d’un minimum de 4 000 logements. Il y a de beaux grands principes dans le Plan métropolitain d’aménagement, sauf qu’il y est inclus que si c’est compatible avec la conservation, il est permis de faire de la construction à faible densité. À partir du moment où s’ouvre une rue dans la forêt et que des maisons sont construites de chaque côté, c’est beaucoup plus que cette largeur-là qui perturbe le milieu. C’est tout un écosystème qui se retrouve fragmenté. C’est encore à nous de faire la preuve que ce type de développement n’est pas compatible avec certains milieux. »
« Pour arriver à faire changer les choses, il faut s’entourer d’une équipe multidisciplinaire, faire travailler nos réseaux, et ne pas se décourager. Il faut beaucoup de patience et de détermination. Les gens qui essaient de nous mettre des bâtons dans les roues sont finalement très minoritaires, j’ai beaucoup plus d’amis que d’ennemis », de conclure Guy Turcotte.
Article datant de 2010 tiré du site www.humanima.com pour consulter l’article sous sa forme originale : http://www.humanima.com/decouverte/fr/article/guy-turcotte
Guy Turcotte, mobilization for conservation. 10 years already
Guy Turcotte is a member of SOS Forêt Fernand-Seguin founded in 2008 in order to promote and present the Châteauguay-Léry Green corridor located in the Roussillon Regional County. The group of citizens mobilized the local population to preserve a large natural corridor housing a biodiversity of a unique richness threatened by urban development. “It’s a forest that has always been enjoyed in Châteauguay and Léry,” said Guy Turcotte. We were going there to do cross-country skiing, snowshoeing, bird watching. We took that forest for granted, and one day we learned that there were housing development projects coming up. The city had agreed to a zoning change to allow for the construction of an indoor soccer centre. In one day, they destroyed 500,000 square feet of forest.”
Tree stumps and bulldozers destruction showed a strong image for mobilization. A petition has gathered over 12,000 signatures. Citizens began to take an interest in the regulation of these lands and the town’s urban plan. “We have discovered that cities, municipalities and RMCs have all the necessary powers and regulatory tools to protect natural environments, without even having to buy the land, and without the risk of being sued for expropriation by developers who own the land.”
The SOS Forêt Fernand Seguin group therefore forced the City of Châteauguay to conduct a real public consultation, information evenings and to allow citizens to express their opinions and submit briefs. The interest of the public was so great that a record was set for public consultations in the Province of Quebec.
Engaged citizens
In front of an uncooperative city council that, according to Guy Turcotte, guarded private interests, SOS Forêt Fernand Seguin had to demonstrate the economic and ecological value of natural environments and claim the benefits that could accrue to the population and the Châteauguay and Léry regions. With the help of the Ministry of Sustainable Development, an accurate inventory has established that the entire territory contains an exceptional floristic ecosystem.
“As the case progressed, the city council acted poorly and lost all credibility,” Turcotte says. This has raised a wave of indignation. In the next election, a new political party for the conservation of natural environments was elected. In the absence of regulations to protect the environment, we have obtained regulations that control tree cutting. It temporarily protects the environment by preventing any kind of development. However, the arrival of a new city council could make this regulation disappear. For now, we have managed to save this exceptional natural environment. We didn’t win the war, but we won some great battles.”
“Cities and RMCs have an obligation to identify the natural environments that deserve to be conserved. The law is clear, except that, generally speaking, citizens are almost never to much concerned about their urban development plan. The territory belongs first to the citizens.”
Preserving the entire ecosystem
The Châteauguay-Léry Green corridor is one of the priority projects of Greater Montreal’s Area Management and Development Plan. The next step is the adoption of regulations by the RMCs to comply with this plan. Guy Turcotte is already anticipating the pressures that will be exerted by speculators who, between 2005 and 2009, bought most of the private land in the hope of being able to build and make a fortune. “Current development plans allow for the construction of a minimum of 4,000 units. There are some great principles in the Metropolitan Development Plan, except that it includes that if it is compatible with conservation, low-density construction is allowed. From the moment a street opens in the forest and houses are built on each side, it is much more than that width that disrupts the middle. It’s a whole ecosystem that gets fragmented. It is still up to us to prove that this type of development is not compatible with certain areas.”
“To make a difference, we need to surround ourselves with a multidisciplinary team, make our networks work, and not be discouraged. It takes a lot of patience and determination. The people who are trying to block us are a very small minority, I have many more friends than enemies,” concluded Guy Turcotte.